Villa
de Suède le 8 Juillet 1916
Mon Jeanot chéri
Le facteur n’a rien pr moi
aujourd’hui. Ah ! comme cela me fait toujours trembler ! J’espère
prtant que l on va vs donner le temps de vous refaire. T’ai-je dit que j avais
appris par Mme Gétaz de Marseille que votre régiment avait été
tellement héroïque que l’on vs avait promis de vous laisser longtemps au
repos ? Est-ce vrai ? Je viens d’avoir la bonne visite des dames Herrmann [Alice Herrmann, future femme de Jean, et sa mère Marguerite, née Germain], bien affectueuses et émues à
ton endroit. Alice n’a pu passer son
baccalauréat à cause de son état de santé ; elle part seule mardi pour
Cognac [chez sa grand-mère maternelle] et elle ira fin Juillet rejoindre ses parents à Zurich ou sont refugiés
les parents de Karine [Karin Möller]. Elle a promis à Mr [Henri] Bois de s’arrêter à
Montauban chez lui pr faire la connaissance de ses filles et elle m’a bcoup
demandé comment elles étaient ; ce que je n’ai pu faire. Elle compter
aller visiter la faculté.
J’ai eu ce matin par tante Fanny de
mauvaises nouvelles de tante Berthe. Elle est dans un état d’épuisement
complet. S’évanouit fort souvent et a donné de l’inquiétude à son entourage.
Elle paie un peu le mauvais sang et le souci qu’elle s’est fait.
Et toi, mon bien aimé ne paies tu
pas un peu ton tribut aux émotions, aux privations, à la fatigue ? Tu
serais gentil d’être moins laconique à ce sujet et de satisfaire mon besoin de
savoir.
Je souffre de mes rhumatismes et ai
de la peine à écrire. Je t’embrasse bien fort, bien longuement et tendrement.
Ta mère