vendredi 8 juillet 2016

Sète, 8 juillet 1916 – Mathilde à son fils

Villa de Suède le 8 Juillet 1916
            Mon Jeanot chéri 

            Le facteur n’a rien pr moi aujourd’hui. Ah ! comme cela me fait toujours trembler ! J’espère prtant que l on va vs donner le temps de vous refaire. T’ai-je dit que j avais appris par Mme Gétaz de Marseille que votre régiment avait été tellement héroïque que l’on vs avait promis de vous laisser longtemps au repos ? Est-ce vrai ? Je viens d’avoir la bonne visite des  dames Herrmann [Alice Herrmann, future femme de Jean, et sa mère Marguerite, née Germain], bien affectueuses et émues à ton endroit. Alice n’a pu  passer son baccalauréat à cause de son état de santé ; elle part seule mardi pour Cognac [chez sa grand-mère maternelle] et elle ira fin Juillet rejoindre ses parents à Zurich ou sont refugiés les parents de Karine [Karin Möller]. Elle a promis à Mr [Henri] Bois de s’arrêter à Montauban chez lui pr faire la connaissance de ses filles et elle m’a bcoup demandé comment elles étaient ; ce que je n’ai pu faire. Elle compter aller visiter la faculté.
            J’ai eu ce matin par tante Fanny de mauvaises nouvelles de tante Berthe. Elle est dans un état d’épuisement complet. S’évanouit fort souvent et a donné de l’inquiétude à son entourage. Elle paie un peu le mauvais sang et le souci qu’elle s’est fait.
            Et toi, mon bien aimé ne paies tu pas un peu ton tribut aux émotions, aux privations, à la fatigue ? Tu serais gentil d’être moins laconique à ce sujet et de satisfaire mon besoin de savoir.
            Je souffre de mes rhumatismes et ai de la peine à écrire. Je t’embrasse bien fort, bien longuement et tendrement. 

Ta mère