2/3/1917
Maman chérie
Je viens de recevoir ta lettre du
26. Tranquillise-toi. Nous sommes si loin du front encore que nous entendons à
peine le canon, et bien rarement. Les seules detonations, c’est nous qui les
provoquons. Nous travaillons dans des carrières, et nous faisons sauter des
pierres à la mine. C’est presque amusant.
Malheureusement, la neige semble
s’être remis de la partie et le travail cette après-midi en était devenu plus
penible. Puisque la grossesse de Suzon est devenue officielle, je ne crains
plus de faire de gaffe en parlant. Je la félicite et j’en suis bien heureuse
pour elle. Je pense que c’est une des plus grandes joies de la vie. Il faut
espérer qu’elle le paiera moins cher cette fois[1].
Bien tendrement
Jean
[1]
Elle avait eu, lors de la naissance d’Elna en août 1915 une fièvre puerpérale
dont elle avait mis plusieurs mois à se remettre.