jeudi 2 mars 2017

Mont-sur-Courville, 2 mars 1917 – Jean à sa mère

2/3/1917
            Maman chérie 

            Je viens de recevoir ta lettre du 26. Tranquillise-toi. Nous sommes si loin du front encore que nous entendons à peine le canon, et bien rarement. Les seules detonations, c’est nous qui les provoquons. Nous travaillons dans des carrières, et nous faisons sauter des pierres à la mine. C’est presque amusant.
            Malheureusement, la neige semble s’être remis de la partie et le travail cette après-midi en était devenu plus penible. Puisque la grossesse de Suzon est devenue officielle, je ne crains plus de faire de gaffe en parlant. Je la félicite et j’en suis bien heureuse pour elle. Je pense que c’est une des plus grandes joies de la vie. Il faut espérer qu’elle le paiera moins cher cette fois[1].
Bien tendrement 

Jean

[1] Elle avait eu, lors de la naissance d’Elna en août 1915 une fièvre puerpérale dont elle avait mis plusieurs mois à se remettre.