27/3/1917
Maman cherie
Hier j’ai reçu ta lettre du 21. Et
il me semble presque te voir assise à ton bureau. Je suis très heureux de
connaître ce nouveau cadre de votre vie.
Les details de ta visite à
Montpellier m’interessent beaucoup ; c’est la suite si immédiate de ces
quelques beaux jours de vie en commun. Je pense que les Herrmann ne se sont pas
étonnés si je ne leur ai pas fait de visite. Ma journée a déjà été bien remplie
sans ça. C’est emouvant de penser que Na me cherchait encore le
lendemain de mon départ. La mémoire est pourtant bien courte à son âge. Oui,
cette lettre de Caffarel est étrange. Raconte-moi la suite.
Je ne puis pas donner à oncle
Fernand [Leenhardt], pour le moment des nouvelles d’Hervé. Je ne sais pas du
tout où il est.
Quant à nous, nous avons encore
changé depuis hier. Cette nuit on nous a prevenu que nous avions à changer de
village. Nous partions à 6 heures, et nous nous sommes installés à proximité
dans une immense carrière grotte qui abrite outre des chasseurs, 2 compagnies
de notre bataillon. Ce cantonnement est assez confortable bien que les poilus
soient privés de lumière. Les officiers n’ont pas à se plaindre :
mi-grotte, mi-barraque. Une salle chauffée et claire nous sert de popote et
tout autour nos cellules, comme des cabines de navire. Nous nous installons à
peine. Nous sommes là pour travailler et tout ce que nous demandons, c’est
qu’on ne nous change pas encore.
Nous sommes à une certaine distance du front qui est d’ailleurs très calme.
Source : collections BDIC |
Nous sommes à une certaine distance du front qui est d’ailleurs très calme.
Je vous suis fidèlement à chaque
heure.
Jean