Villa
de Suède, ce 25 Novembre 1916
C’est encore au milieu d’une
agitation indescriptible que je t’envoie un peu de tendresse, cela m’est
indispensable ; mais moi je n’ai pas ce que j’attends avec anxiété. Hier
rien, ce soir je suis suspendue au courrier. Si je suis encore déçue, les papillons
noirs feront leur œuvre désastreuse.
Après le déjeuner Alice Herrmann est
arrivée avec des jouets dans les bras, Madeleine [Benoît] a passé à son tour avec bébé [Pierre] Benoît [fils de Lucien Benoît et Yvonne
Bouscaren] et dans cette etroite veranda
ns quatre et les trois bébés c’est un peu trop de mouvement [les deux autres étant Elna Ekelund et Léon « Lilou » Benoît,
fils de son frère Georges]. Je manque de recueillement.
J’ai eu ce matin par Melle
[Léo] Viguier « les lettres d’un
soldat » Si tu savais combien cet envoi venant de toi m’a fait de bien. Il
me tarde de pouvoir le lire dans la solitude et le calme, cela me paraît
magnifique par les quelques lignes que j’ai parcourues. Merci mon bien aimé de
tout mon cœur.
Ah ! comme je manque de détails
et que je souffre de tout ce que je me figure bien au dessous de la réalité [mot illisible] je suis sûre.
Dis moi bien vite si tu as tjours
des « totos » et si tu veux que je t’envoie quelque chose pr les
combattre.
Ces demoiselles attendent ces lignes
et me chargent de bien des choses affectueuses et de leur sympathie.
Moi je t’envoie tout ce qu il y a de
tendre dans mon cœur.
Ta vieille maman