mercredi 19 septembre 2018

Sète, 19 septembre 1918 – Mathilde à son fils

[Il s’agit de la première lettre conservée de Mathilde après un « trou » inexpliqué d’une année entière, puisque sa précédente lettre en ma possession date du 16 septembre 1917.]
Cette le 19/9 1918

Mon aimé

Hier encore une lettre de toi palpitante d’interet. Comme l’on voudrait causer bientôt de vive voix de toute ce qui remplit le cœur et l’a tant opprimé. Voilà ce que je désirais se réalise enfin ! « La Fourragère » encore je suis heureuse de cette distinction pour tous ces braves ! Aujourd’hui par tante Jenny [Scheydt] il me vient des rumeurs Montpelliéraines qui accentuent celles que m’a soufflées tante Irma. Jeanot, Jeanot pourquoi fais-tu le cachottier avec ta maman. Ce sont de si belles et grandes choses que je tiens mon cœur en les entendant car il éclaterait. Qui vivra verra mais rien ne m’étonne de toi.1

Aujourd’hui le ciel est encore plus sombre que de coutume bien que j’ai du soleil en moi. Je suis néanmoins ennuyée. La santé de Hugo ne va pas. Il a eu cette nuit les mêmes troubles. Très frappé il parle de repos et de départ. Suzon le suivrait et ce serait un long séjour sur la côte d’azur. Cela ne se peut pas tout de suite aussi aimerais-je bien que ta permission fut avant pr que tu puisses voir ta sœur qui veut jouir de toi de toutes façons.

On m’annonce Mr Cabanel – il faut que j’aille le voir. Un bien gros baiser avant de te quitter mon fils mon bien aimé dont je suis si fière.

Ta maman

L’état sanitaire est toujours fort mauvais.

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1 L’allusion n’est pas claire : mais étant donné la fierté exprimée par Mathilde, sans doute s’agit-il de la promotion de Jean au grade de lieutenant (en date du 8 Juillet) ou d’une citation dont il n’aurait pas parlé à sa mère. Les « Montpelliérains », eux, étant au courant par les cousins Leenhardt de Jean qui étaient dans la même division que lui.