L’artillerie ennemie est devenue maintenant beaucoup plus meurtrière car les Allemands emploient des obus à fusées instantanées. Au lieu de faire de profonds cratères ces derniers font de petits entonnoirs gros comme le poing, mais leurs éclats sont plus nombreux et la gerbe en est plus étendue.
J’ai plus d’appréhension qu’autrefois lorsqu’il faut sortir des abris. Je prends sans doute des réflexes d’officier d’Etat-major et je ne suis pas très fier de moi.
Un bon souvenir de cette période de progression est une nuit silencieuse où je me suis couché et endormi à la belle étoile à côté d’un buisson de menthe. Cela faisait heureusement diversion à la puanteur des caves et des abris et dissipait un peu notre odeur de fauve ou de chien mouillés, car nous restons des semaines sans pouvoir nous laver.
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )