Ma chère Maman
Je viens de recevoir ta lettre du 12. C’est un peu étonnant que tu restes si longtemps sans lettres de moi. Je ne me rappelle pas être resté plus de 2 ou 3 jours sans t’écrire.
J’espère qu’Elna est de nouveau tout à fait bien.
Pour la caisse de dattes, tant pis. Je m’étais renseigné et l’on m’avait dit que la gare acceptait les paquets. Quant à employer un autre moyen, la vie est trop instable ces temps-ci pour que nous nous amusions à ça ; d’ailleurs il n’est pas question de depart pour le moment, ne t’inquiètes pas.
On continue à nous abruttir pas mal avec l’exercice. Ce matin pourtant c’était plus relevé. On a décoré le drapeau du 132 et l’étendart du regiment d’artillerie.
JMO du 132ème R.I. - 16 juin 1918 |
Chaque compagnie fournissait une section de poilus – l’élite – presque tous soldats décorés eux-même. Fanions – lumière – cuivres – bonne humeur ; c’était un assez beau spectacle. On a profité de la cérémonie pour accrocher quelques croix, palmes ou étoiles et j’étais des « récipiendaires » n’ayant pas encore reçu officiellement ma 5ème étoile.
Clément, le médecin auxiliaire, que tu connais je crois, nous quitte. Il était là depuis toujours et ne s’appelait lui-même que l’« ancien ». Nous sommes peinés de son depart.
Notre chef de bataillon [le capitaine Dufour] est de plus en plus « tapé ». A part ce petit contre-temps, nos heures coulent gaiment.
Bonne lettre de [Daniel] Loux.