Ma chère Maman
Il fait très chaud aujourd’hui ; aussi nous restons dans nos trous.
Hier soir je suis allé diner chez Pochard1, un bon copain – classe 15, qui commande depuis près de deux ans une Cie voisine. Cette nuit il a fallu ouvrir l’oeuil ; nous avons entendu les boches se promener dans nos reseaux. Ça fait plaisir de voir les types aux aguets. Ils savent qu’ils jouent leur vie ; de vrais soldats.
Source : collections BDIC |
Le temps que je ne passe pas en ronde je le passe ds l’abris à veille tandis que les pigeons voyageurs font du chahut dans leur pannier et que la T.P.S envoie ses coins-coins.
Ce matin nous avions une nombreuse société à dejeuner, les voisins et les successeurs, car la période de réserve ne va pas tarder à arriver. Nous avons beaucoup ri d’un article que notre père la Bataille [le capitaine Dufour] a envoyé ds les journaux de son pays et où ses exploits sont racontés avec une certaine complaisance. Le capitaine américain est parti. Il a bien voulu confier à l’un de nous qu’il était touché « par notre flegme », par nos rapports de camaraderie, par notre manière d’être envers nos poilus.
Je viens de rendre visite aux miens. Leur grande distraction actuellement est l’élevage de petites buses qu’ils ont découvert dans des ruines, c’est un objet de grandes joies.
J’ai reçu le mot que tu m’écris à ton départ de Marseille. Tu dois être bien heureuse d’avoir retrouvé tout ton monde.