Maman chérie
Vie paisible à l’arrière du front de bataille. Pas assez à l’arrière pourtant pour être tout à fait tranquilles. Le canon ne nous embête pas mais la circulation. C’est un flot d’autos ininterompu de jour et de nuit par la route qui traverse le village.
Source : collections BDIC |
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C’est une consolation d’ailleurs, on sent qu’il y a quelque chose pour retenir les boches, tandis que quand nous sommes arrivés, c’était le desert. On peut bien le dire maintenant puisque les journeaux eux-même le disent. Nous avons été engagés bataillons après bataillons en sautant du train pour boucher un énorme trou. Il n’y avait pratiquement rien devant nous, tout lachait ; on ne rencontrait sur les routes que de malheureuses femmes trainant dans des guimbardes des enfants et des meubles. C’était le tragique de 1914. Nous savons maintenant ce que c’est que la rase campagne. Aussi nous sommes très fier du régiment et de la division. Je n’ai jamais vu un entrain pareil chez les poilus. J’ai une excellente section et un bien chic commandant de Cie [Marcel Simonin]. Vraiment ça m’embêterait que Le Gall s’en aille et que je ne puisse pas travailler avec ces types-là.