Ma chère Maman
Nous voici en secteur si l’on peut appeler ça une vie de secteur. Nous sommes en reserve dans un village évacué mais presque jamais bombardé.
Source : Généanet |
Nous voisinons avec un groupe d’artillerie, et comme par hasard c’est le groupe d’Hervé [Leenhardt] ; hier nous avons été invités à sa popote [Marcel] Simonin et moi. La soirée s’est terminée par le bridge traditionnel.
Je ne t’ai pas encore beaucoup parlé de mes compagnons.
Simonin, un vieux camarade que tu as vu à Chartèves et qui est un commandant de Cie parfait. Il est extremement brave et adoré de ses poilus. Jusqu’à ces derniers jours nous étions les seuls officiers de la Cie, un nouveau promus, Vauthier et un ancien lieutenant Cogniard se sont ajoutés à nous. Le premier semble un peu mou, mais très gentil, l’autre qui est arrivé hier d’un régiment dissous a été précédé par sa reputation de bon chef et de bon camarade.
Il fait un temps de chien. Ce matin il a même neigé plusieurs heures. Nous sommes obligés d’allumer du feu.
Tu me demandes si tu peux aller à Marseille. Oui, car la reprise des permissions me parait toujours extremement douteuse. En tous cas tu peux faire une chose : me prevenir par lettre 5 jours avant ton depart ; si par bonheur j’avais une permission, je saurais où te trouver et je viendrais te prendre à la villa Svéa.
Mais il ne faut pas se faire trop d’illusions.
Je t’embrasse tendrement.