mardi 23 février 2016

Sète, 23 février 1916 – Mathilde à son fils

Cette le 23 février 1916
            Mon bien aimé fils 

            Je reçois à l’instant ta carte et ta lettre datée aussi du 17 tu as dû cependant écrire celle-ci le 18 puisque tu me dis que ce jour là est ta fête.
            Si tu savais mon fils le bien que m’ont fait ces deux missives. Comme je suis heureuse et allégée d’avoir tous ces détails ! et maintenant j’attends tes impressions de tranchée et je serai un peu moins nerveuse sachant quelque chose.
            Je n’ai attendu que trois jours pourtant et ces trois jours ont été des siècles. Veux tu me rassurer en me disant que les marmites n’atteignent pas ton cantonnement ? est-ce bien vrai ? as-tu un lit pour toi tout seul ? et n’as-tu pas bien froid ? Tu me diras aussi combien de jours vous restez aux tranchées sans être relevés. et si elles sont éloignées du cantonnement. Avez-vous marché longtemps pour arriver là ? J’ai pu lire ce que je désirais.
            Je vais t’envoyer l’argent que tu me demandes et ecrire par ce courrier à tante Fanny qui désire t en envoyer aussi ; je crains que tu aies eu à patir et cela tu sais que je ne le veux pas.
            Tu dois savoir maintenant ce qui te manque et tu pourras me le dire. Je vais t’adresser un premier petit colis. Dis-moi si tu préfères plus gros et par le chemin de fer ; ils sont plus longs à aller parce qu’ils passent par le dépôt.
            Aucun changement dans notre petite vie. Je ne sors pas et me cantonne aussi mais, chez ma fille ce qui est plus supportable. Ns avons eu hier la visite de tante Anna et de Laure [Benoît]. Madelon a la grippe. Je vais aller la voir en apportant mon courrier à la poste. Bonnes nouvelles d’oncle Marc [Benoît] par sa femme. Elle a un état variqueux qui l’a fait bcoup souffrir et la retient loin de lui. Mais il est admirablement soigné chez son curé et prend des forces. Elle me dit que le printemps est etabli dans leur region [ils habitaient Cannes] avec toutes ses merveilleuses richesses ; la temperature leneniante [?].
            Ici petite recrudescence de froid nuits froides temps couvert, ns avons rallumé la salamandre. Na devient merveilleuse et fait diversion.
            J’ai été bien attristée de ne pouvoir te gâter le jour de ta fête. J’ai été plus près de toi si c’est possible. Ns attendons Alice qui n’est pas arrivée hier.
Tendresses de tous
Mille tendres baisers de ta mère 

Math P. Médard 

            Etes-vous en 1ère ligne ?
            Dis moi de qui se compose votre nourriture, si vous êtes aux tranchées, sections à quelles heures, si vous pouvez y reposer de temps en temps.
            Cette dégradation militaire... combien triste ce devait être. A ma tristesse. Je suis reconnaisante envers Dieu de permettre cet entrain, ce courage chez toi mon bien aimé petit  poilu. Qu’il te garde pour ta mère et pour son service je ne cesse de le lui demander.
            Tu es déjà revenu des tranchées à cette heure ! Je voudrais savoir.