vendredi 5 février 2016

Châtelaudren, 5 février 1916 – Jean à sa mère

Châtelaudren, Samedi 5-2-16
            Maman cherie 

            Je suis encore là. Je crois que le départ sera seulement pour cette nuit. Je n’en suis pas faché car ça me donne plus de temps pour me preparer. Je t’assure qu’il ne me manque rien. Je t’enverrai un petit ballot deux chemises et une ceinture de flanelle. Il y a encore bien d’autres choses que je n’emporte pas, mais je les ai portées à Paris et confié à Mme [Suzanne] Monnier, entre autre ma capote bleu foncé et une paire de godasses.
            Il fait un soleil radieux, et vraiment mon cœur est à l’unisson. Je suis touché de la façon dont Suzanne insiste pour t’avoir, et emu de ta solitude. A te sentir chez elle, je te sentirais moins seule et je serais plus tranquille.
            Les camarades avec qui je pars ? [Roger de] La Morinerie surtout. Les autres je ne les connais pas ou peu. Lui est très gentil et c’est tout different de partir avec un bon camarade.
Tendresses 

Jean