mercredi 27 décembre 2017

Wesserling, 27 décembre 1917 – Jean à sa mère

27/12/17
            Maman chérie 

            J’ai reçu hier tes bonnes lettres des 20 et 21. Heureux si mon étoffe a fait plaisir à Suzanne. Dites-moi vite combien il vous en faut encore. Il pourrait ne plus y en avoir. Ne t’inquiète pas pour l’argent. J’en ai plus qu’il ne m’en faut.
            Hugo et Suzon sont trop gentils de me gater comme ça. S’ils ne veulent pas attendre ma permission pour me donner cette montre-bracelet qu’il l’envoie chez
Mr le pasteur Jean Monnier
Wesserling
Alsace
            Vraiment rien ne peut me faire plus plaisir. Ils ont été bien inspirés. J’ai reçu ce matin tes friandises. Inutile de te dire qu’elles sont été appréciées par moi et ceux qui m’entourent.
            Il neige abondamment. Malgré le froid assez vif je n’ai jamais aussi peu souffert de l’hiver. Il est vrai que dans ce pays on sait mieux se chauffer que dans le nôtre.
            Guy Leenhardt est en ligne depuis 2 ou 3 jours dans la region dont je t’ai parlé dans une de mes dernières lettres, ce pays du froid. J’aimerais bien pouvoir pousser jusque là-bas un de ces jours. Il fait ses débuts dans un secteur extremement calme. Il n’y en a pas beaucoup d’aussi calmes sur le front. Mais il y fait très froid et le service y est fatigant. Je crois que ce n’est pas le courage qui lui manque.
            Si le colonel [Maurel] part bientôt en permission j’aurais surement la possibilité d’aller le voir, et d’aller voir Hervé [Leenhardt] aussi, qui n’est pas loin.
Très tendrement  

Jean