Je n’ai pas la possibilité d’expérimenter longtemps ce
dérivatif[1].
Les généraux de division et de corps d’armée sont excédés de ses extravagances
et, à la fin de l’année[2],
il est limogé.
Il manque vraiment de dignité dans sa disgrâce, il se livre
devant nous à des manifestations violentes, il invective le général commandant
le corps d’armée, le responsable de la décision[3] :
« Mitry, ce porc ! Mitry, ce porc ! ». Nous sommes là
autour de lui à table, n’osant pas nous regarder tellement nous avons envie de
rire. Nous nous réjouissons de son départ et ne pouvons pourtant pas nous
empêcher de le plaindre.
JMO de la 56ème D.I. – 14 décembre 1917 |
C’est le colonel Biesse[4],
très sympathique, commandant le 1er Bureau du G. Q.G. qui lui
succède. On respire un autre air à l’I.D. 56[5].
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre)
[1] Dans les mémoires de Jean, cette phrase suit immédiatement l’anecdote publiée le 26 novembre : le duc de Trévise lui conseillant d’étudier le colonel Maurel « comme on regarde un singe se gratter le derrière ».
[2]
Bizarrement, le JMO de la 56ème division d’infanterie mentionne à deux reprises le
changement d’affectation du colonel Maurel : la première fois le 14 décembre 1917, et à nouveau le 14 janvier 1918. Autre curiosité, l'anecdote rapportée ici par Jean dans ses mémoires n'est jamais mentionnée dans la correspondance. Il faudra attendre le 14 janvier 1918 pour que Jean annonce la nouvelle officielle à sa mère, tout en précisant que des rumeurs couraient à ce sujet depuis déjà un certain temps.
[3]
Antoine de Mitry (1857-1924) : général
français commandant le 6ème corps d’armée d’avril 1917 à juillet
1918.
[4] Camille
Biesse (1872-1922) : officier d’active. Nommé général à la fin de 1918.
[5]
Dans son texte d’origine, Jean a écrit I.D. 58.
Il s’agit forcément d’une erreur puisque le 132ème faisait partie de
la 56ème division d’infanterie.