21/12/17
Ma chère Maman
Je reçois à l’instant ta bonne
lettre du 17. Vous avez bien fait de fêter sa fête à Suzon, elle le mérite
bien. Je suis heureux pour lui et pour vous qu’Einar [Ekelund, frère d’Hugo] puisse
venir à Cette pour Noël. Je sentirai tout particulièrement la separation ce jour
là ; ma pensée et ma tendresse vous suivra.
Pour moi la soirée de Lundi
ressemblera probablement aux autres, je tacherai de m’échapper de bonne heure
dans ma chambre où je me sentirai plus près de vous.
C’est bon que Noël s’impose à nous. Ça
nous force à adorer, surtout dans ce pays, qui, malgré la guerre, semble se
receuillir. Aucune fête ne me rapproche de Dieu comme celle-là. L’invisible se
mêle au visible, et nous fait entrevoir un avenir lointain lumineux, alors que
la vision de l’avenir immédiat nous fait defaillir. Bon courage mes chéris.
Hier après-midi j’ai pu rejoindre
Henri Monnier et nous avons passé quelques heures ensemble. J’aurai l’occasion
de les voir beaucoup, les 2 frères, ces jours-ci. En somme je ne les comprends
bien ni l’un ni l’autre, mais l’on sent, chez Jean surtout, une vie intérieure
si riche, qu’on ne les voit jamais sans profit.
Tendrement à vous tous mes chéris
Jean