mercredi 21 juin 2017

Le Thillot, 21 juin 1917 – Jean à sa mère

21/6/1917
            Maman chérie 

            Je vous plainds beaucoup d’avoir à supporter des chaleurs si terribles. Ça doit être bien penible pour Suzon vu son etat, et pour Na vu son age.
            Ici il fait très bon ; même au milieu du jour la temperature est très supportable. Nous sommes dans ces periodes, d’ailleurs rares, ou notre emploi du temps ne comporte ni dangers, ni fatigue, ni même ennuis. Notre vie peut même avoir du charme, et elle en a.
            C’est comme des vacances qu’on a vraiment mérité. Un camp de vacances en moins bien. Le pays donne une leçon de sérénité, de grandeur. Il peut arriver n’importe quoi, on empechera pas la fleur de s’ouvrir, l’oiseau de chanter et la montagne de s’élever vers le ciel.
            Na qui commence à se souvenir ! Elle va devenir de plus en plus interessante et attachante.
            Envoie-moi ma boite de peinture. Il faut que je m’y remette. Ce sera un des moyens de ne pas s’abruttir. Pas de toile, du papier special simplement, et tous mes pinceaux.
            Oui je serai très heureux d’avoir des details sur Robert Leenhardt. 

22/6/17

            Hier je t’ai quitté pour prendre le départ des permissionnaires. Mon ordonnance [Ouvier] partait ; son tour a été avancé, sa sœur étant très malade 24 heures avant son depart il choisit un remplacant et il lui « passe les consignes ». C’est assez amusant.
            Aujourd’hui des ondées tout le temps. Hier soir on a fait une retraite ds les rues du village. Il faut croire que le moral du 132e est bien solide ou la musique bien entrainante car tout le regiment suivait la musique en chantant officiers en tête.
            Je te quitte pour ne pas arriver en retard à table, et t’embrasse tendrement. 

Jean