Ma chère Maman
Une petite photo qui t’amusera ; c’était un Dimanche avant que nous montions en secteur, un match de foot-ball entre les équipes de deux bataillons du régiment. Nous sommes tous très interessés par les péripéties de la lutte. [Cf. lettre du 16 avril 1918.]
Maintenant nous continuons notre vie d’hommes des bois, nous vivons dans des petites baraques très confortables. Je pousse le rafinement jusqu’à me mettre en chemise de nuit dans mon sac de couchage. C’est un veritable camping.
Je vois beaucoup Gilbert [Leenhardt]1 qui est mon voisin. Hier nous avons consacré l’après-midi lui et moi à une visite à Hervé [Leenhardt]. Au retour j’ai trouvé une carte d’oncle Eugène [Leenhardt] m’annonçant des nouvelles de Guy [Leenhardt], prisonnier et légerement blessé. Je l’esperais beaucoup, mais c’est un grand soulagement de voir cet espoir confirmé.
Il fait un temps splendide.
Le taux des permissions est remonté à 8 pour 100 ; si ce régime continue je puis esperer revenir dans deux mois.
J’ai reçu hier ta première lettre. La campagne doit etre delicieuse. Il me semble que j’en respire les parfums car je t’ecris le nez à moitié plongé dans un bouquet de muguet.
Bonnes nouvelles de Léo Viguier toujours très fatiguée.