mardi 12 janvier 2016

Automne et hiver 1915-1916 – Jean Médard et Roger de La Morinerie


Quand il fait beau, je dessine, je parcours le pays à pied, en bicyclette et en auto, car mon ami Roger de La Morinerie, aspirant comme moi et libre comme moi a une voiture et m’en fait profiter.
Roger de La Morinerie est un agréable compagnon. Nous serons longtemps officiers au même bataillon. Nos rapports d’amitié seront un peu superficiels mais sa compagnie sera toujours agréable et tonique. Ce grand garçon, gâté jusque là par la vie, affrontera avec courage et bonne humeur les dangers et les souffrances qui vont être notre lot pendant plusieurs années, alors que tant d’autres, peut-être tout aussi courageux, ne cesseront pas de « râler » et sembleront prendre plaisir à enfoncer les autres avec eux dans l’amertume et le découragement.
Avec lui ou seul je découvre peu à peu toute la côte entre St-Brieuc et Lannion dans une saison où, désertée par les estivants, sa grandeur sauvage reste intacte : Ploumanac’h, Trégastel, Paimpol, l’île de Bréhat, Tréguier !  

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)