26/7/17
Maman chérie
Vie toujours aussi paisible.
Avant-hier je suis descendu au village voisin[1],
dejeuner à l’ambulance où j’avais été invité. Installation tout à fait
ingenieuse et amusante, repas pantagruelique.
Hier bonne visite d’H. [Henri] Monnier.
Je suis bien heureux de vous sentir
si heureux, jouissant tant de votre sejour dans la montagne, et de votre
réunion.
Bien tendrement
Jean
L’ambulance de Mittlach
L’ambulance de Mittlach a été créée en juillet 1915
après la reprise de la commune par les Français en avril. Elle était abritée
dans les locaux de la mairie*.
A la suite de très violents et meurtriers
bombardements, toutes les activités de l’ambulance sont concentrées dans la
cave de la mairie et d’importants travaux sont entrepris, d’une part pour créer
de nouveaux espaces en sous-sol, et d’autre part pour protéger les lieux par
des renforts. C’est à ce nouvel
aménagement que Jean fait allusion quand il écrit « Installation tout à fait ingenieuse et amusante ».
Les photos ci-dessous, figurant dans l’album Valois
consacré à Mittlach, illustrent différentes étapes de ces travaux.
On trouvera sur le site de la municipalité de Mittlach,
sous la rubrique « Musée ambulance alpine » un long article très
documenté de Rémy Jaeglé sur l’histoire de l’ambulance, les travaux
d’aménagement et de fortifications.
Par ailleurs, on pourra lire ici (pages 47 à 55 du PDF)
un autre article de Rémy Jaeglé, sur la « popote » de l’ambulance,
illustrant à merveille les commentaires de Jean sur l’hospitalité du docteur
Faussié « repas pantagruélique » dans sa lettre ci-dessus du 26
juillet, « milieu hospitalier et gai » dans une lettre à venir du 9
août.
En juillet 2015, cent ans après sa fondation,
l’ambulance est devenue un musée permettant à la fois de visiter les lieux
conservés quasiment dans l’état d’origine, et, dans la partie moderne du musée,
d’en apprendre plus l’ambulance.
* N.B. : à l’époque, le mot
« ambulance » ne concernait pas forcément un véhicule, et en
l’occurrence, il s’agissait donc d’un local.
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[1] La mention de l'ambulance dans le village où Jean "descend" montre qu'il s'agit de Mittlach. Or le JMO indique que le 3ème bataillon est précisément cantonné dans cette commune. L’expression « au village voisin » est donc trompeuse. Il est d'ailleurs à noter que Jean ne mentionne jamais Mittlach dans ses mémoires, il parle des "pentes de l'Hilsenfirst". Seule la légende de deux photos mentionne "Mittlach-Metzeral" (cf. lettre à venir du 6 août 1917).